C’est mon deuxième jour à Tigzirt, une commune de Tizi
Ouzou. C’est une ville côtière entourée de grandes collines. Tigzirt, ou île en
kabyle doit son nom à une petite île qui se tient devant la ville, comme un
gardien bien veillant. C’est sans doute pour l’emplacement stratégique de la
ville que les romains et les byzantins y ont éluent domicile durant quelques
siècles d’ailleurs la ville regorge de ruines plus ou moins bien conservés. J’en
ai déjà visité deux dont la "Grande basilique chrétienne de Tigzirt"
(V
ème siècle AP.J.C). On est très vite tenté d’imaginer la ville à
une époque lointaine avec ses bâtisses en pierre et ses ruelles pavées, des
carrosses par-ci et des marchands par-là, du poisson frais, de la poterie et
pourquoi pas quelques illuminés qui se donnent en spectacle au milieu de la
foule. Mais très vite aussi, on revient à la réalité avec un pincement au cœur
en voyant l’état actuelle de la ville qui n’est pas très différent de la plus part des villes algérienne :
décharges, saleté et constructions carnavalesques hormis quelques exceptions.
Ce constat alarmant est atténué par la sympathie des gens et leur joie de
vivre. En effet, on sent tout de suite que les habitants de Tigzirt sont
habitués aux touristes et font de leur mieux pour en attirer d’avantage :
hôtels, restaurants, boutiques de souvenirs…
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La côte de Tigzirt. |
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Le port et l'île de Tigzirt. |
Etrangement, le climat est sec pour une ville côtière, un
bon point car on transpire peu malgré la chaleur. En chemin pas très loin de la
ville j’ai aperçu une petite forêt de
Chêne Liège qui contraste avec le
reste du paysage qui est essentiellement constitué de collines rocheuse
parsemées de buissons et d’arbustes. Je prévoie de faire quelques
identifications des plantes endémiques de la région. J’ai aussi recensé 5 fleuves
pour l’instant que je n’ai pas encore visités.
La ville compte aussi pas mal de plages et de criques,
j’en ai visité deux pour l’instant. Il y a aussi un port de plaisance
nouvellement aménagé avec une grande place et une aire de jeux ou les gens
peuvent venir seuls, entre amis ou en famille pour se détendre en prenant un
café ou simplement en pêchant du bon poisson. On ne manquera pas d’apercevoir
les jolies petites cabanes de pêcheurs aménagés en petit cartier juste au bord
de l’eau.
Je lis sur internet
qu’une fameuse plante médicinale "Amarsgus" (en kabyle)
serait endémique de la région. C’est une sorte de dipsacus à ne pas confondre
avec le Cardère Sauvage (Tagga n-lexla), car les feuilles de
Amarsgus ne poussent jamais sur un même
endroit de la tige de la plante, elles sont distantes l'une de l'autre, ses
racines sont de couleur noire très dures à récolter. En coupant en petits
morceaux ces racines et en les faisant bouillir on obtient une pommade de
couleur "beige" qui vire vers le marron parfois. Cette pommade est
souvent préparée dans tous les villages kabyles pour soigner les brûlures
(premier, second et même troisième degré). Elle est également utilisée dans la cosmétique par les femmes. Je prévoie
donc de faire une petite randonnée pour essayer de la trouver.
Samedi 2 août 2014
(colline, Aunée Visqueuse, Aubépine)
Je rentre tout juste d’une petite balade. Je suis allé
inspecter une colline dans les alentours. J’ai dû traverser une décharge puis
arrivé au pied de ma destination, je me fixe comme objectif d’atteindre le
sommet. Après quelques petits sauts, 2 ou 3 mètres d’escalade, j’arrive finalement
au sommet. Pas la peine de vous décrire le sentiment de fierté que j’ai
ressenti quand, en cours de route, j’ai appliqué sur mes petites égratignures
de l’Aunée
Visqueuse (Magramene) qui est d’ailleurs très répandue dans cette région,
on en trouve partout. Il parait que l’Aubépine (de son nom local Idmim
qui donne le fruit appelé Za3ror) est elle aussi très
abondante en Kabylie. Il m’a semblé en apercevoir au bord de la route
avant-hier, j’attends d’y retourner pour confirmer si c’est bien la plante en
question. Jusqu’ici malheureusement aucune trace de Amarsgus. J’ai quand même
cueillis quelque échantillon de plante que j’identifierai plus tard.
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Lentisque pistachier. |
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Ronce commune. |
Lundi 4 août 2014 (Ronce Commune, fleuve, corbeau, fennec, vautour)
Aujourd’hui c’était magnifique ! J’ai pris mon
sac à dos vers 8:10 du matin avec comme objectif d’atteindre le fleuve que j’ai
aperçu le premier jour de mon arrivée à Tigzirt. J’ai d’abord parcouru toute la
ville et j’en ai profité pour cueillir des mûres. En effet, je comprends
maintenant pourquoi on dit que la Ronce Commune (Rubus Fruticosus) est
une plante envahissante ! On la trouve partout, il suffit de poser le
regard quelque part et hop ! Des mûres à profusion ! Bizarrement, les
gens ici n’ont pas l’air d’y prêter la moindre attention, même les oiseaux s’en
moquent ! Moi par contre j’ai bien remplis mon sac de ses appétissantes
baies, je prévoie d’en faire de la confiture. Quant aux propriétés médicinales
de cette plante : on sait que les feuilles séchées et les jeunes pousses
fermentées sont utilisées en tisanes pour leurs propriétés astringentes.
Elles apportent du tannin et de la vitamine C. Je confirme par la même occasion que
l’Aubépine est bel et bien présente en abondance dans cette région.
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C'est meilleur en confiture ! |
En ville je me suis un peu égaré. J’ai demandé mon
chemin à un vieil homme qui a eu la gentillesse de m’accompagner pour me
montrer le chemin, j’ai essayé de lui demander où est-ce que je pouvais trouver
Amarsgus, la fameuse plante, mais il n’avait pas l’air de me comprendre. Je
continue donc mon aventure en suivant la route nationale qui longe la côte en
direction de l’Est. Je m’achète une pomme et une banane que je pourrais
déguster une fois arrivé au fleuve. Soudain, un étrange sentiment m’envahi ! Je
suis à des centaines de kilomètre de ma maison à Oran et de ma petite vie
sédentaire, je marche sous un soleil de plomb vers l’inconnu dans une région où
je ne comprends même pas la langue. C’est ça ! Voilà ce que je recherche
depuis toujours, le sentiment d’être en vie, d’être livré à moi-même où je ne
pense qu’à ma survie, tous mes sens sont à l’affut du moindre danger. C’est
bien plus intense que ces jeux vidéo auxquels j’aime bien jouer de temps en
temps ! Je commence également à ressentir des douleurs aux pieds après 3
heures de marche. Je me motive en pensant à l’eau fraiche du fleuve où je
pourrais marcher pied nu et me rafraîchir la tête. En chemin j’aperçois deux
magnifiques corbeaux à quelques mètres de ma position, un couple peut-être.
Dommage je n’ai pas été assez rapide pour les prendre en photo.
Une demi-heure plus tard j’arrive finalement à
destination. Je descends hâtivement au cours d’eau, j’enlève mes chaussures et
je trempe directement mes pieds dans l’eau. Quel plaisir ! Le temps de me
rafraichir et de manger, j’entame l’exploration du lieu. Je remonte le courant
en sautillant sur des pierres, je tombe sur mes amis les grenouilles, elles
plongent aussi tôt dans l’eau. Je trouve aussi un charmant crabe d’eau douce.
J’espère puérilement tomber sur un petit trésor perdu ou des pépites d’or mais
rien, que des cailloux sans valeur… Finalement je me décide à quitter ce petit
coin de paradis et je reprends le chemin du retour. Pas question de marcher, je
vais faire du stop !
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Crabe d'eau douce. |
L’après-midi, je suis retourné au port pour faire un tour
aux boutiques de souvenir. Je m’achète une belle bague en argent. Je tombe
aussi sur un mignon petit fennec qui faisait une sieste. Il appartient au
propriétaire d’une khaïma. Il avait aussi un vautour. Je les prends en photo.